La fin du
mois d’Août a marqué la fin de notre virée nicaraguayenne à 4, mes parents
devant reprendre l’avion pour rentrer en France. Pour finir ce temps en
douceur, nous sommes allés nous aérer du côté de Matagalpa, dans les montagnes nicaraguayennes situées au nord du pays. Nous installons nos
tentes quelques jours sur les terres de José et d’Yvonne, propriétaires d’une
immense finca où le café est récolté chaque année d’octobre à mars-avril par
des volontaires du monde entier. Ça marche plutôt bien au Nicaragua le
volontariat et nous en prenons note ! Le climat plus frais nous fait
tellement de bien que nous partons marcher tous les 4 sur les chemins qui
traversent les terres de la finca, à l’ombre des grands arbres sous lesquels
s’épanouissent bananiers et caféiers.
Prêts pour un régime de bananes ?
C’est
beau, c’est frais et après s’être sentis des mois écrasés par la chaleur et
l’humidité, nous respirons et pouvons quitter la position "j’ai trop
chaud, je ne bouge plus un poil" ! De toute façon, ils collent (ben oui, les poils pardi !). La découverte du chocolat nicaraguayen
au "Castillo del Cacao" à Matagalpa est venue encore rajouter une
touche de douceur à nos aventures car il se peut bien que ce soit le
meilleur chocolat que nous ayons goûté de toute notre vie ! Alex est capable de donner tellement
de bonnes adresses de bonne bouffe en France, nous allons pouvoir commencer à
donner pas mal de bons tuyaux en Amérique maintenant !
Virée à 4 sur les hauteurs de la finca
Puis,
après un mois passé ensemble, il a bien fallu se dire au revoir à l’aéroport de
Managua, ou plutôt un "à bientôt mais nous ne savons pas
quand !". Ça ne rend pas les choses plus simples au moment du départ
mais nous savons tous que c’est le "à bientôt" que nous retenons
toujours ! Et c’est ce qui fait du bien. Après avoir débarqué nos petits
poulets nicaraguayens devenus escargots avec leurs gros sacs à dos, nous avons
pris directement la route vers la côte Pacifique et ce petit coin paisible
qu’est "Mind The Gap Nica", à la Playa San Diego. Nous avons la
surprise de retrouver pour la troisième fois Mauro et Lula, le couple argentin
travaillant là comme volontaires pour quelques temps !
Avec le coucher de soleil et la marée basse, la piscine est prête à Mind The Gap Nica !
Ce lieu
nous permet de souffler, de faire un grand ménage de la voiture après l’avoir
éprouvée à 4 personnes ! Le temps est aussi à la grande lessive !
Tout y passe, les draps, nos habits, et ici, au Nicaragua, retour à la lessive
à la main, les laveries automatiques auxquels nous nous étions habitués en Amérique du
Nord n’existent plus. Et une fois tous nos "devoirs"
terminés, nous profitons de passer de bons moments avec Mauro et Lula, nous
engageant dans de grandes discussions passionnantes tout en prenant le temps de
nous préparer de bons petits plats ensemble dans la cuisine aux 4 vents mise à
disposition. Un jour, mais nous ne savons pas quand non plus, nous les
retrouverons au Pérou !
Les nuits sont reposantes dans le jardin de notre hôte
Une fois
reposés, nous avons pu repartir dans nos explorations avec notre vulcanologue
préféré ! Malheureusement, compte tenu du temps, la saison des pluies battant
son plein, et compte tenu des interdictions qui pèsent à chaque chemin d’accès
aux volcans, à chaque portail fermé, nous ne pouvons pas nous engager dans de
nouvelles aventures sur les volcans. Tant pis, cela ne nous empêche pas de
passer de très bons moments ensemble à refaire le monde tout en réfléchissant à
ce qu’il sera possible de réaliser lors de notre retour au Nicaragua. Il nous
tarde déjà de revenir pour janvier, en plein cœur de la saison sèche, ça va
être un régal !
Pour sûr, nous retournerons aussi au Cerro Negro, pour une troisième fois !
Les photos de notre nouvelle virée au Cerro Negro sont ici !
Et puis
surtout, nous l’apprécions vraiment beaucoup ce pays. C’est que nous commençons
à avoir nos petites habitudes ici et là ! Il y a des routes où nous passons où nous commençons à être salués de loin parce que l’on nous connaît, aussi bien
autour du Momotombo que du Cerro Negro, ces deux volcans avec qui nous avons un
vécu quand même bien particulier ! Et une fois que nous prenons la route
pour repartir vers le Mexique, c’est encore face à un volcan que nous passons
notre dernière nuit au Nicaragua, face au San Cristobal, le plus haut du
Nicaragua (1745 mètres) !
Le San Cristobal au petit matin, nous prenons rendez-vous pour y crapahuter en janvier !
Puis
recommence l’enchainement des frontières, d’abord Nicaragua-Honduras avec
davantage de facilités que la première fois et beaucoup moins de
photocopies ! Encore une fois, le Honduras n’est qu’un passage pour
atteindre le pays suivant et nous arrivons en 2 heures à la frontière
Honduras-Salvador. Lorsque nous avions traversé le Salvador la première fois,
des étalages de pastèques fleurissaient tout le long de la route. En le
traversant de nouveau, je me délectais déjà de la future pastèque juteuse qui
allait faire notre goûter. C’est que presque
deux mois se sont écoulés depuis que nous sommes passés la première fois !
Et forcément, nous avançons dans les saisons même si c’est toujours aussi chaud
et humide ! Donc la saison des pastèques est bien finie…
Ce n'est pas grave, nous nous rattrapons en faisant une dégustation de pupusas avec José, tout juste avant de
sortir du territoire pour le Guatemala ! Vous allez vous dire, c’est quoi
ces "poupousas", avec un nom pareil ? Et c’est qui ce José ?
José, c’est El Chele du petit village côtier où nous avons passé notre dernière
nuit au Salvador. Il est Salvadorien pourtant, rien à voir avec un blanc, mais
il faut croire qu’il est plus blanc que les autres ! José a beaucoup
voyagé en Amérique Centrale et nous offre de dormir aux abords de son
restaurant. Et en plus de cela, il s’en va vite nous acheter des pupusas, ces
tortillas salvadoriennes en nous disant que nous n’avons pas le droit de quitter
le territoire sans avoir goûté le plat national ! Une personne t’offre un
coin pour te parquer et ouvrir ta tente, en plus il t’offre le repas… Tu
insistes pour payer les pupusas, tu demandes à laisser quelque chose pour
l’hospitalité… Mais tu découvres qu’encore une fois, le fait d’avoir apprécier
et de savoir dire merci est la chose la plus importante. Et encore une fois,
c’est déconcertant !
Ayant
rajouté une nouvelle recette de cuisine à notre longue liste de mets délicieux
dont nous nous régalons et qui font partie intégrante du voyage, nous pouvons
prendre la route vers la frontière du Guatemala, 15 kilomètres plus loin. Nous
arrivons très vite à Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala, classée au
Patrimoine Mondiale de l’Unesco. Mainte fois détruites par des séismes, sous la
menace d’éruptions, la ville d’Antigua est une ville résiliente, qui a su
renaître avec panache de ces épreuves. D’habitude, quand nous arrivons en
ville, c’est toujours pour y passer quelques heures. Nous en faisons vite le
tour puis devons en sortir assez tôt pour trouver un coin pour dormir. A
Antigua, il y a un spot pour camper… Je dirais même Le spot !
Antigua, une ville à 1500 mètres d'altitude, entourée de volcans et malmenée au fil du temps
La police
touristique accueille sur son terrain, fermé et surveillé 24h/24 toute personne
avec un camper et un minimum d’autonomie sanitaire. Et ce, gratuitement et pour
une durée de 5 jours maximum ! Quand, dans d’autres pays, "collaborer avec la police" veut dire verser un bakchich pour
qu’ils nous foutent la paix, ben à Antigua, c’est donner une participation pour
ce campement qu’ils offrent. Et nous n’avons pas rechigné à leur laisser
quelques quetzals ! Qu’est-ce que ça a été paisible pour nous de partir
nous balader dans les rues d’Antigua, du matin au soir, sans se préoccuper de
la voiture ni d’où nous allions dormir le soir ! Surtout que flâner dans
Antigua vaut vraiment le détour et nous en avons bien profité !
Tranquillité de la ville d'Antigua au petit matin
Cette
ville est bien loin de ce que nous avions pu lire dans les guides, de nombreux
touristes se faisaient régulièrement agressés. La sécurité s’est grandement
renforcée et cette ville nous est apparue très paisible, aussi bien le matin,
quand le jour n’est pas levé, que le soir, de nuit, en allant regagner notre
campement. Elle était juste très animée avec les fêtes du jour de
l’Indépendance où les jeunes guatémaltèques paradent dans les rues avec leurs
écoles pendant des jours et à grands bruits de tambours ! Des milliers de
jeunes à travers le pays viennent chercher la flamme de la liberté à Antigua pour la ramener
dans leurs villages en courant, le plus souvent sous la pluie. Mais peu
importe, ils sont fiers, fiers d’être ensemble, présents à Antigua, fiers de
leur pays et de leurs origines. Et ça fait plaisir à voir !
Défilé du 15 septembre dans les rues d'Antigua, jour de l'Indépendance
En tout
cas, ça mouille bien à Antigua, nous remettons à plus tard nos ascensions des
volcans qui entourent la ville. Pour la saison sèche en décembre, le climat
sera bien plus clément avec nous et nous pourrons en particulier crapahuter
vers l’Acatenango, à 3976 mètres, et le fameux Fuego (3763 mètres). Avec un nom
pareil, il ne pouvait qu’être super actif celui-là !
Surplombant Antigua, ce n'est ni l'Acatenango ni le Fuego, mais c'est un 3ème volcan, l'Agua et ses 3760 mètres !
Un peu
plus au nord, le Lac d'Atitlan est considéré comme le plus beau lac du monde. Le paysage donne l’impression que temps s’est arrêté. Pourtant, le
temps passe bien et dans ce petit coin de paradis guatémaltèque, c'est pour
nous le temps de la révolution… L’annonce par un copain de son mariage pour
Août 2018, suffisamment tôt pour que nous nous organisions pour être présents,
a eu l’effet d’un détonateur pour nous…
Guatemala, un autre pays de lacs et de volcans
Il va
bien falloir que nous rentrions un jour, nous ne pouvons pas voyager comme nous
le faisons éternellement, même si nous aimons ce que nous vivons… Nos économies
nous rappellent tous les jours qu’elles ont leurs limites, il va falloir que
nous pensions aussi à nous établir sur une nouvelle terre d’accueil… Rentrer en
France, c’est un bien grand mot, car nous avons bien décidé que ce retour ne soit
que temporaire. Le Toyota nous suivra évidemment, nous ne pouvons pas nous en séparer,
même pour quelques mois. Mais dès que nous pourrons repartir de l’autre côté de
l’Atlantique, nous organiserons notre vrai retour, en Terres Canadiennes, bien
décidés à nous y établir…
Atitlán, un lieu que les guatémaltèques apprécient particulièrement les fins de semaines
Ça faisait un petit moment que l'idée nous trottait dans la tête, pris dans le
quotidien du voyage, nous nous disions bien que la décision devrait être prise à un moment donné. Et là, c’était le moment ! Ça fait assez bizarre de se dire que
notre voyage a une date de fin, d’ici juillet 2018, ça nous laisse du temps et
ça nous paraît court à la fois… Mais ça y est, c’est décidé et nous sommes
heureux de commencer à préparer la suite ! Livre, formalités
canadiennes, faire des économies sur nos économies pour préparer le futur, nous
avons du pain sur la planche !
Le costume traditionnel est le plus souvent porté au quotidien par les femmes du Guatemala
Paisibles
dans notre nouvelle révolution, nous reprenons le cours de notre retour vers le
Mexique. Nous voyons ce temps au Guatemala comme une prise de repères pour
notre retour pendant la saison sèche dans ce pays qui nous plait beaucoup,
aussi bien pour ses paysages que pour sa forte identité. Nous irons aussi au
volcan Santa María et nous retournerons avec plaisir nous installer au parking
au départ du chemin où nous avons dormi une nuit. Nous apprécions de plus en
plus le fait de nous parquer au cœur de petits villages où, contre quelques
quetzals, nous avons une place pour la nuit, mais surtout de supers
moments !
Scène du quotidien au Guatemala
Imaginez
la discussion "cuisine" avec la petite mamie à qui il reste 2 dents
qui s'éclate à découvrir là où nous vivons et qui compte bien nous offrir des
tortillas la prochaine fois que nous viendrons. Son mari, quant à lui, tout
tordu de partout, vient nous dire au revoir et nous serre dans ses bras avant
de partir dans les champs de maïs en boitillant, son lourd sac accroché au
front, comme un sherpa. Nous sommes dans un autre monde, un monde si simple et
joyeux, si loin de notre ancien monde. Bizarrement, le fossé ne
semble plus exister avec les gens que nous rencontrons. Nous sommes tellement
différents mais seul le bon moment de la rencontre compte, aussi bien pour eux
que pour nous.
Rencontres de rue, à Antigua
Nous
arrivons vite aux portes du Mexique et là, nos plans changent un peu en
découvrant que nous avons l’obligation de sortir du Guatemala 90 jours pour
pouvoir demander un nouveau permis temporaire d’importation de la voiture. Donc
nous voilà repartis pour 3 mois au Mexique, ce qui ne nous déplait pas en soit.
Mais ça nous oblige à changer un peu nos plans, à faire des croix sur d’autres
choses car aujourd’hui, les paramètres ont un peu changés avec notre petite
révolution… La vie quoi !
Une fois
arrivés au Chiapas, les contrôles douaniers se sont intensifiés et nous prenons
conscience que ce n’est pas la même chose de circuler du nord vers le sud que
du sud vers le nord. Contrôle de clandestins 3 ou 4 fois en 50 kilomètres,
passage du chien anti-drogues, passage au scanner, nous sentons bien qu’il y a
d’un côté, les Amériques du Sud, et de l’autre, les Amériques du Nord…
En tout
cas nous sommes heureux d’être de nouveau au Mexique et en particulier en ce
moment au Chiapas où, avec la lune noire, des centaines de tortues vont arriver
sur la plage pour pondre leurs œufs ! Et nous nous rendons compte au final
que nous vivons notre voyage, notre vie, au rythme des saisons, du temps ou
de la lune… mais aussi au rythme des visas et des mariages à venir !
A
bientôt !