Août 2016, Nicaragua, pays de coeur, d'eau et de lave


Une nouvelle page de notre voyage se tourne en cette fin du mois d’Août alors que mes parents décollent tout juste de Managua pour réaliser un nouveau bond par dessus l’océan, les ramenant vers leur terre. Il y a presque un mois maintenant, nous les accueillions ici, par un beau soir d’hiver nicaraguayen à 35°C. Sous les Tropiques, nous perdons nos repères par rapport à ce que nous connaissons des saisons, nous qui arrivons de l’hémisphère nord. Ici, il n’en existe que deux, la saison sèche qui correspond à l’été, et la saison des pluies, l’hiver… 

Notre première nuit sous les étoiles en arrivant au Nicaragua. Gâtés !

Nos routes se retrouvent à Managua, la capitale du Nicaragua où nous sommes bien arrivés dans la journée. Pour Alex et moi, cela fait déjà quelques jours que nous avons fait nos premiers tours de roues sur les routes nicaraguayennes. Nous pouvons ainsi laisser derrière nous les nombreux kilomètres effectués depuis le Mexique ainsi que les formalités douanières pour rentrer dans 4 nouveaux pays, en Amérique Centrale : Guatemala puis Salvador, Honduras et enfin, notre destination, le Nicaragua. Nous ne pouvons pas dire que ça ait été compliqué, ce sont juste des passages qui demandent que le réservoir d’énergie et de patience ne soit pas à vide ! En 4 jours et 4 frontières plus tard, nous voyons passer dans nos mains 4 devises différentes destinées à enrichir ceux qui détiennent les clés d’entrée de chaque pays pour notre Toyota, les maîtres des photocopies ! Et ce sont les services d’immigration qui viennent enrichir de nouveaux tampons les pages encore vierges de nos passeports précieux. A force d’avoir bien répété à chaque frontière, nous arrivons comme des fleurs au Nicaragua, parfaitement rodés et en règle pour réceptionner quelques jours plus tard mes parents ! 

Rue de la Coloniale Ville de Granada

Managua, la capitale, s’anime tout juste pour leur arrivée avec la fête de Santo Domingo, la fête de la ville. La première journée dans la capitale se voulait un peu calme pour diminuer les effets indésirables du décalage horaire, mais nous voici tout de suite parachutés tous les 4 dans l’ambiance ! Les Rancheros débarquent avec leurs plus beaux chevaux pour participer à la grande parade qui les conduira, au pas, là où Toña et Flor de Caña, bière et rhum nicaraguayens, couleront à flot toute la nuit ! Les habitants de la capitale sont dans les rues. Nous vivons l’instant au milieu d’eux, tous nos sens en éveil face au spectacle du lieu ! Nous nous faufilons dans la foule, au rythme des fanfares qui accompagnent  en musique les hommes à cheval. Les grillades se préparent à chaque coin de rues. Les vendeurs ambulants proposent de nombreux mets désaltérants en cette chaude après-midi. 

Beauté nationale lors de la parade de Santo Domingo, à Managua


Découvrez plus de photos dans notre album 
"Palette urbaine du Nicaragua" !


Mais nous laissons vite dernière nous Managua et son animation, le Nicaragua est riche de promesses. C’est là que commence notre voyage à 4 et cela va demander un peu d’organisation pour fonctionner ! Cette fois, mes parents ne monteront pas à bord d’un gros Chevrolet équipé d’une cellule comme ils avaient loué en Alaska pour voyager ensemble il y a deux ans ! Nous avons essayé d'anticiper un peu un parcours afin de pouvoir rester quelques jours au même endroit sans être obligés de désinstaller chaque jour notre campement car tout le monde est en tente ! Et quand il s'agit de nous déplacer, nous voici donc embarqués tous les 4 dans pépère avec l'idée de limiter quand même les trajets car les petits poulets chargés à l'arrière ont besoin de respirer ! Le bus devient vite pour eux une bonne alternative pour les plus longs trajets. Les voilà qui grimpent avec réactivité dans un bus, puis un autre, plus ou moins bondés, pour se retrouver toujours tous les 4 à bon port ! 

Un régal pour les yeux et pour les papilles au marché de León

Avec les chaleurs humides de l'hiver nicaraguayen, l'eau devient un élément de choix pour l'emplacement de nos campements. Bien heureusement, il se trouve que le Nicaragua ne manque pas de lacs ! Une fois que nous quittons Managua, notre première étape est la Laguna de Apoyo qui n'est autre qu'un lac qui s'est formé suite à l'explosion d'un volcan ! Le camping dans lequel nous pensions nous installer pour au moins deux nuits est fermé. En continuant la piste, nous arrivons sur une petite plage où un groupe de nicaraguayens bien arrosés nous accueillent et insistent pour que nous nous installions là pour la nuit. Un peu sceptiques au départ, le lieu est bien sûr, tel qu'ils nous le disent. Nous sentons très vite que leur accueil est sincère, loin d'eux l'idée de nous détrousser pendant la nuit. "Retournez dans votre pays et dîtes bien à tous comment nous vous avons accueillis ici, dîtes bien comment le Nicaragua vaut le coup et que vous vous êtes sentis en sécurité" expriment-ils entre deux rots de Toña. Et sur ces mots, ils partent rejoindre leurs maisons, nous laissant profiter du lieu en toute intimité. Et l'heure est à la réunion de famille, tous les 4 en maillot de bain, plongeant dans les eaux bienfaisantes du lac !  

Chaîne volcanique Marrabios, ses volcans et ses lacs de cratère

Le Nicaragua est un pays de lacs, mais le Nicaragua est aussi bien évidemment un pays de volcans ! La Cordillera Marrabios est une longue chaîne de volcans bien alignés dont la majorité sont très actifs ! Connu dans le monde entier, en particulier parce que l'accès au cratère se fait... en voiture, le volcan de Masaya nous met tout de suite dans l'ambiance. Enfin, il s'agit plutôt du Nindiri, son frère siamois à 3 cratères, dont l'activité s'est amplifiée depuis décembre dernier. L'accès est réglementé en théorie afin que les personnes ne restent pas trop longtemps là-haut, au cas-où ça pète ! Enfin, c'est ce qui nous est dit. En tout cas, le spectacle une fois arrivé là-haut dépasse toutes nos espérances. La lave est là, bouillonnante au fond du cratère. Un peu plus d'une centaine de mètres en dessous de nous et la Terre nous offre à voir son cœur rouge en ébullition. Une impressionnante énergie se dégage de là que nous ressentons jusque dans nos tripes.

Présence suspectée d'activité volcanique, non ? 

Cratère Santiago du volcan Nindiri (635 mètres)

 
Approfondissez la découverte du volcan à travers notre album 
"Masaya et son coeur de lave" !


A chaque volcan, son moment fort... Après un petit temps passé dans la ville de Granada, nous partons à la recherche de notre campement pour la nuit sur les flancs du volcan Mombacho. Nous ne le trouverons pas... En prenant des renseignements, nous voici invités à passer la nuit sur les terres d'une Finca. C'est une exploitation où est produit du café et où a été créée un des plus grands parcours accro-branches d'Amérique Centrale. Le personnel est encore présent et attend la fin de la journée pour rentrer. Tous alors se plient en 4 pour nous accueillir et faire que nous nous sentions chez nous pour installer notre campement pour la nuit. Ce n'est pas la première fois qu'ils accueillent des touristes étrangers avec tente ou véhicule de voyage mais ils mettent un point d'honneur à ce que nous nous sentions bien et en sécurité. Ça en est à un tel point que ça nous déconcerte complètement... De nombreuses fois, nous nous dirons encore qu'en terme d'accueil, nous avons beaucoup à apprendre pour que "mi casa es tu casa" puisse devenir une loi universelle... 

L'heure est au bain face au volcan Concepción (1610 mètres) sur l'île d'Ometepe

Longeant toujours la Cordillera Marrabios et son alignement de volcans, notre route nous conduit à traverser les eaux du gigantesque lac Nicaragua pour rejoindre l'île d'Ometepe pour une semaine, formée par deux magnifiques volcans, le volcan Concepción et le volcan Maderas. Alors que l'un est bien actif, l'autre s'est endormi et s'est laissé recouvrir par une jungle humide. L'île nous apparaît vite comme étant une île providence : le lac regorge de poissons, la terre y est très fertile et l'eau qui coule sur les flancs des volcans n'est pas rare mais reste bien précieuse. 

 Promenons-nous sous la pluie, à Ometepe

Une sorte de paix émane de l'île. Il n'y a qu'à voir la truie ou la vache prendre son bain tranquillement en fin d'après-midi dans le lac, juste à côté de nous. Et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi certains insulaires ne l'ont jamais quittée pour aller voir ailleurs... Les Nicaraguayens semblent vouloir préserver ce lieu tout en accueillant au mieux, et à la fois tout simplement, les touristes. Nombreux sont ceux que nous croisons, à moto ou à bicyclette sur les nombreux chemins de l'île. Nous ne pouvons qu'espérer que le tourisme n'abimera ni ne pervertira ces lieux à l'avenir. 

Hibiscus - Flor de Jamaica

Singe à face blanche - Mono carablanca


Plus de trésors de l'île d'Ometepe ? Voici notre album !


De l'île d'Ometepe, nos pérégrinations nous mènent ensuite sur la côte Pacifique dont les vagues commencent à avoir une certaine renommée dans le monde des surfeurs. Nous ne nous sommes toujours pas mis au surf, non, la baignade est déjà pour nous un but en soi avec les températures du moment ! 

 Mauro, d'Argentine, se frotte aux vagues nicaraguayennes à la Playa San Diego

Nous apprécions de nous reposer aux heures les plus chaudes de la journée. Mes parents n'hésitent pas à aller flâner sur les chemins du Nicaragua où ils font de belles rencontres avec des familles nicaraguayennes autour d'un café. Nous en profitons aussi pour faire un aller/retour tous les deux à Managua pour demander une prolongation d'importation temporaire de pépère qui, au départ, n'est autorisé qu'à rester un mois au Nicaragua. 

León, capitale de la Révolution Nicaraguayenne

La route des volcans reprend aux environs de Léon, au Cerro Negro, le volcan le plus jeune d'Amérique Centrale. Je vous disais bien au début de l'article que nous étions en hiver, non ? Vous êtes d'accord qu'un hiver sans ski n'est pas un vrai hiver, n'est-ce pas ? Alors Alex a sorti les skis, en plein mois d'Août, au Nicaragua pour fouler la neige noire du Cerro Negro !  

Premières lumières du jour au sommet du Cerro Negro (728 mètres) tout jeune du haut de ses 166 ans et bien actif

Carres affûtées et semelles fartées, prêts bien sûr ! ;-)

  

 

Toutes les photos de cette première virée au Cerro Negro sont dans l'album 
"Cerro Negro, volcan espiègle" !


Peu avant que mes parents arrivent, nous avions fait la rencontre tout à fait par hasard avec un français émigré au Nicaragua depuis plus de 30 ans. Au détour d'un village, nos véhicules se croisent dans un virage. Il sort de la voiture pour saluer les français que nous sommes et, en sortant à notre tour, nous constatons que le Toyota dans lequel il voyage avec 3 jeunes nicaraguayens et leur chauffeur a deux roues crevées ! La magie des rencontres opère... Elle fait que nous croisons ce grand monsieur de la volcanologie. De son côté, il fait connaissance avec un petit couple de voyageurs équipés de tout ce qu'il faut pour réparer provisoirement les crevaisons ! Avec la magie des rencontres vient la promesse d'une folle aventure à venir au delà des problèmes mécaniques : l'ascension du volcan Momotombo. 

 Le Momotombo, du haut de ses 1297 mètres et sa dernière coulée de lave qui date de décembre dernier   

Pendant 30 ans, le Momotombo en sommeil a donné des signes annonciateurs qu'il était en train de préparer quelquechose. Notre vulcanologue était aux premières loges, dans l'attente, avant que celui-ci s'active enfin en décembre dernier. C'est une véritable histoire d'amour qui existe entre le volcan et lui. Et c'est un véritable temps fort que nous avons vécu ensemble, avec lui, avec mes parents, avec le gardien des clés de ce volcan aujourd'hui interdit, pour atteindre à la nuit le bord du cratère fumant où le volcan cache son trésor rougeoyant. Notre dernier regard vers le Momotombo, dans les lumières du soleil levant lors de notre retour à l'aube, nous invite au repos après ce qui restera le moment le plus fort du Nicaragua pour chacun de nous...

Côté sud du volcan où nous grimpons tout droit vers le cratère qui fume au-dessus de nous

L'éruption récente a rendu toute sa virginité au volcan en effaçant le chemin

Et à la nuit, se dévoile l'incandescence de la lave

Pour terminer notre voyage à 4, nous prenons du repos bien mérité au creux des montagnes de Matagalpa. Nous y contemplons ce pays auquel nous nous sommes attachés tous les 4 parce qu'il nous a émerveillés et émus. Papa et Maman reprennent l'avion pour retrouver leur terre à eux. Après une tranche de vie à 4 pendant un mois, nous retrouvons notre vie à deux sur les routes, toujours en quête de notre terre à nous. D'autres aventures avec notre vulcanologue se profilent déjà pour Alexandre et moi pour le temps qu'il nous reste à passer au Nicaragua, pays de cœur, d'eau et de lave... 

Face à l'ombre du volcan

A très bientôt ! 

Les Galopères.

 
Besitos de la Playa San Diego, à Mind The Gap Nica, notre havre paisible pour finir le mois sur le Pacifique